Emile Fleury est mon arrière grand-père…
Il est vigneron et pépiniériste. Après la catastrophe du phylloxéra qui a ravagé les vignobles d’Europe, à la fin du 19ème siècle, il est l’un des premiers à implanter dans notre région des plants greffés résistants à la maladie.
Son fils Robert, mon grand-père, est vigneron lui aussi. En 1929, c’est la grande crise économique mondiale, les vignerons sont ruinés car les maisons de négoce ne veulent plus acheter leurs raisins. Mon grand-père décide de garder Lui, voulait être astronome…
Dans les années 60, mon père Jean-Pierre, va au lycée. Il s’imagine astronome. Mais à 16 ans, il doit quitter l’école pour rejoindre mon grand père au travail de la vigne, et suivre ainsi la tradition. Il nous a souvent raconté combien il avait souffert de devoir renoncer à ses rêves.
Moi, Morgane, sa deuxième fille, je voulais être comédienne.
Mes premières attaches inconscientes à la terre, au travail de la vigne, et à mes racines familiales datent de mes années d’écolière, dans les années 80 : au moment des vendanges, je m’échappe de la classe pour participer à la cueillette. C’est pour moi une fête à ne pas manquer ! Courteron, qui compte à peine 80 habitants, accueille le temps de la vendange, quelque deux cents personnes, surtout des jeunes venus de partout. L’ambiance festive faisant suite à la dure journée de travail est une véritable récompense !
Adolescente, je m’identifie à Scarlett O’Hara dans « Autant en emporte le Vent », lorsqu’elle retourne sur Tara, pour y manger les racines de sa terre.
Devenue comédienne sur Paris, je travaille dans divers restaurants pour compléter mes revenus d’intermittente du spectacle. C’est ainsi que je commence à servir du vin, puis à vendre le Champagne familial.
A la même période, mon père développe la biodynamie dans notre vignoble.Il sollicite mon aide sur différents salons à l’export, en Allemagne d’abord où il y a des marchés à prendre. Ma mère parle parfaitement allemand. Aussi partons-nous en famille. Puis je fais mes premières armes seule, aux Etats Unis. Cela me donne le goût des voyages, à l’instar de mon grand-père.
Un domaine infini, un monde essentiellement masculin
Sur les conseils de Georges Hardy, notre œnologue-conseil, je suis une formation de sommelière à l’université du Vin de Suze-la-Rousse : le grand saut dans un univers sous-estimé, vaste, diversifié et d’une grande richesse, tant sur le plan de l’histoire, de la géographie, que des hommes.
Le monde du vin s’ouvre à moi comme un monde passionnant, animé d’hommes et de femmes passionnés… Comme l’est mon père depuis toujours.
Représenter le Champagne Fleury à Paris et à l’étranger
Au début des années 2000, il manque un ambassadeur au domaine familial, loin de Courteron…J’accepte ce nouveau rôle avec bonheur et sans doute aussi, avec fierté.
A l’international, c’est de dégustations ou de salons dont il est question : Brésil, Canada, Etats-Unis, Japon, Norvège, Danemark. Nous travaillons en collaboration avec « Renaissance des Appellations », un groupe de viticulteurs en biologie-biodynamie. Nous faisons découvrir un vin de rêve, qui défend une éthique avant tout. Ceci au moment où la prise de conscience écologique est en pleine effervescence au niveau mondial.
Ma Cave Fleury… A Paris
Parisienne dans l’âme, bien que née au cœur de la campagne auboise, je songe à reprendre un bar à vins. Un concours de circonstance doublé d’une formidable opportunité m’amène au cœur de Paris, dans un quartier historiquement lié aux bonnes choses…Le quartier des Halles. Ici, au 177 rue Saint-Denis, va s’écrire une nouvelle page de l’histoire des Champagnes Fleury : Ma Cave Fleury, une cave d’un genre nouveau ouvre ses portes le 3 mars 2009. Je l’ai pensée comme une cave éco-logique, dédiée à nos Champagnes et à une sélection de jolies références en biologie/biodynamie.
Un «pionnier», aujourd’hui respecté
Lorsque mon père commence la biodynamie, sa démarche est très marginale. Après 20 années de détermination et de travail, Jean-Pierre Fleury a gagné le respect de la profession. De nombreux prix et trophées internationaux récompensent son travail.
Durant ces années, il manage tout, tout seul : de la conduite de la vigne, à la vinification, jusqu’à la commercialisation…
En 1996, le Champagne Fleury double sa production en passant de 100.000 à 200.000 bouteilles grâce à des achats de raisins auprès de collègues vignerons, en biodynamie eux aussi. Pour mon père, chaque année, la charge de travail s’alourdit.
Pérenniser le Champagne Fleury
Nous sommes issus d’une fratrie de six enfants. Depuis 6 ans, l’un de mes frères, Jean-Sébastien, travaille à ses côtés.
Il prend en charge le travail de la vigne, et l’élaboration des cuvées. Il est également curieux d’expérimenter de nouvelles formes de vinification, et je l’encourage.
Nous travaillons les dégustations d’assemblage en comité de dix personnes environ, et je suis fière d’être la première voix féminine à donner son avis.
Chaque génération est riche d’un savoir-faire, différent, complémentaire, qui apporte une évolution au domaine familial, j’en ai l’intime conviction : le vin n’a-t-il pas de la mémoire ?…
Champagne Fleury, une histoire de pionniers
Très beau ton blog Morgane, je viens d’y faire une jolie balade. Amitiés Pascale
Très bonne rédaction BIOgraphique 😉
Espère travailler très bientôt avec le Domaine Fleury…
Amicalement V,
**********Loïc, Le Vinograpghe
Olympe
Ouah ! super ton blog. Belle mise en scène de tout ce que tu fais pour faire « vivre » ce lieu, qui est beaucoup plus qu’une simple « cave ».
Je t’embrasse. A très bientôt.